Bonjour,
Accessoirement, l'école de chauffe voulait emboîter le pas aux ambitions de quelques politiques qui avaient parlé d'économies d'énergie et autres considérations salutaires. 1981 !
Dans les années 1970 -1980, hormis de souci de l’indépendance énergétique (crises1973, 1979) les autres soucis qui deviendront la
transition énergétique (empreinte carbone, réduction de la consommation, renouvelable,…) n’avaient pas cours, sauf peut-être dans des sphères extrêmement limitées, et ceci que ce soit :
- Chez les exploitants des grandes centrales de production d’énergie électrique, en France (EDF) ou à l’Etranger.
- Chez ceux les centrales de production d’énergie électrique et de vapeur, présentes dans quasiment tous les procédés physico-chimiques (raffineries, pétrochimie, fabrication d’engrais, fabrication de pneus, sucreries, usines de pâte à papier, fabrication d’alumine, etc).
Cela ne veut pas dire qu’il s’y faisait n’importe quoi.
Ces opérateurs :
-1) Avaient le souci permanent de la recherche de l’efficacité énergique et du meilleur rendement.
J’ai encore le fascicule EDF datant de 1964 (voir nota) qui indique les moyens mis en œuvre pour obtenir le plus haut rendement possible dans la conversion de l’énergie du combustible en vapeur puis en énergie électrique : minimum d’excès d’air, cycle de Hirn avec surchauffe et resurchauffe, soutirages de vapeur sur les étages de la turbine, etc.
Certes, c’était pour des raisons économiques, mais cela correspondait aussi à l’intérêt écologique.
-2) Avaient la volonté de valoriser les déchets pour produire de l’énergie :
Ecorces et liqueur noire en usine de pâte à papier,
Bagasse dans les sucreries à base de canne à sucre,
Résidus urbains (nos déchets) brûlés dans les TIRU.
-3) S’efforçaient de réduire le plus possible les émissions de gaz et d’effluents dangereux.
Et aussi simplement de réduire les pertes de fluides couteux lors d'incidents (eau déminéralisée, vapeur d'eau mise à l'atmosphère).
Et les objectifs qu’ils donnaient à ceux, dont je faisais partie, qui fournissaient les systèmes de contrôle commande (automatisation de ces usines) étaient :
-1) Sécurité :
Eviter qu’une panne entraîne un accident corporel ou des destructions d’équipements.
En cas de risque identifié arrêter immédiatement l’installation, en provoquant son déclenchement.
-2) Disponibilité :
-a) Eviter le plus possible les déclenchements, surtout pour les unités longues à redémarrer (plusieurs jours pour une raffinerie) à cause du manque à gagner et des produits ratés à retraiter ensuite (les « slops »).
Objectif antagoniste du précédent, mais possibilité d’atteindre simultanément les deux grâce à des systèmes redondants.
-b) Eviter les cascades d’arrêts.
Exemples sur lesquels j’ai bien amélioré les choses, à la satisfaction de mes clients :
L’arrêt brutal d’un craqueur catalytique entraîne l’arrêt de toute la raffinerie (raffinerie de Normandie).
La coupure (par orage) de la ligne EDF à 90 KV provoque l’arrêt de toute l’usine de production de pâte à papier.
Les solutions sont dans des algorithmes de contrôle commande qui ont une vue globale de l’installation, qui anticipent les conséquences des imprévus, qui réagissent très vite aux évolutions des paramètres de fonctionnement du procédé (toutes choses que les opérateurs humains ne peuvent pas faire) et qui sauvent la situation, avec au pire l’arrêt des seules unités secondaires et faciles à redémarrer (par exemple : le tambour écorceur de troncs, la lagune aérée).
-3) Qualité: S’assurer que les produits finis soient aux spécifications. Exemples :
Grammage, homogénéité, pour le papier
Taux de souffre, point de trouble, température limite de filtrabilité, pour le fioul.
-4) Efficacité énergétique, rendement (déjà dit plus haut)
-5) Flexibilité :
Permettre un changement rapide de spécifications des produits en cours de fabrication.
Permettre un changement le plus rapide possible du régime de marche des installations.
Une centrale thermique change facilement de régime de marche, pas une centrale nucléaire.
Un train d’évaporateurs en sucrerie n’aime pas non plus être bousculé, et pourtant quelques fois ce serait bien utile (j’ai travaillé sur ce sujet).
Nota :
Electricité de France
Service de la Production Thermique
Fascicule N°28 de février 1964
Notice technique des centrales thermiques.
Notions de rendement et de consommation d’un bloc de production.