Colloque INRA Changements climatiques et agriculture

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JPP le JARDINIER
Fleur de pipelette
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Colloque INRA Changements climatiques et agriculture

Message par JPP le JARDINIER »

Amis du jour bonjour,
Le monde daté du 8 Mars donne, en page 7, une bonne synthèse du colloque tenu par l'INRA dans l'enceinte du salon de l'agriculture.
C'était assez intéressant de voir un nouveau paysage se dessiner à travers les projections dans l'avenir faites par les scientifiques.
Notons d'abord qu'à part un ancien ministre, plus personne ne nie l'origine humaine du changement climatique. C'est la conclusion des experts de l'ONU (1,8 à 4°C à l'horizon 2100) aussi bien que ceux de l'INRA qui accumulent les données depuis 1990. L'INRA a créé en 2002 une mission "changements climatiques et effet de serre".
Les agriculteurs sont très inquiets et réclament des solutions, pas pour que le temps ne change pas mais pour qu'ils puissent continuer à produire "pareil". Les plus inquiets sont les forestiers qui ne savent pas quel arbre planter pour dans 100 ans...
Je vous donne ici mes notes un peu vrac.
L'augmentation de la concentration de l'air en CO2 stimule la photosynthèse. Pour un taux de CO2 doublé, on aura :
- une croissance des graminées de 10% en plus;
- de légumineuses : 25%.
Cette tendance est évidemment contrebalancée par les effets de la sécheresse. Canicule de 2003: perte de 30% de fourrage (70% de céréales dans le Languedoc).
L'aire géographique du maïs s'est considérablement étendue vers le Nord.
Les chercheurs insistent sur la nécessité de surveiller la qualité des sols (labours des pariries) sinon perte de la capacité de stockage de C02 qu'ont ces sols .
Pour les céréales, l'accroissement de la production est compensé par une perte de protéines. D'autre part, le CO2 n'est utilisé que si on augmente en proportion la quantité d'intrants en azote...
Pour le vin : accroissement du degré d'alcool, maturation des fruits en période plus chaude et donc moins fovarables aux vendanges. Déséquilibre sucre/acide.
Forêt : la forêt stocke du CO2, mais cet effet tend à être annulé par la concentration d'ozone dans la basse atmosphère.
Les aires de répartition vont changer. Par exemple, chêne vert (typique du climat méditerranéen) jusqu' à la Loire. Pin maritime dans toute la France. Déclin du chêne sessile.
Poissons : comme pour beaucoup des espaces végétales précédemment citées, les projections sont d'abord favorables, puis défavorables à la fin du siècle (trop grande séchéresse ou seuils de températures minimales de l'eau défavorables à la ponte). En 2100, il n'y aura plus d'omble chevalier dans le lac Léman.
Sols : une étude pas encore bien établie tendrait à prouver qu'il y a actuellement perte de biomasse. Lors de la sécheresse 2003, un important relargage de C02 indique que la flore et la faune du sol n'a pas réussi à s'adapter. Les chercheurs pensent que ça finira par suivre.
Cette remarque est très importante pour nous autres jardiniers "bio": nos sols sont en train de changer.
Les effets du réchauffement se feront beaucoup plus sentir dans les zones tropicales: ça peut être catastrophique pour les cultures.
Le réchauffement sera moindre dans l'hémisphère Sud (importance des océans).
La seconde partie du colloque était consacrée aux marges d'adaptation.
Je ne développe pas en détail.
L'INRA travaille sans état d'âme (OGM) à la création de variétés adaptées:
- résistance au stress thermique;
- adaptation à des cycles de végétation plus courts.
NB : nous aussi il faut s'attendre à ce que ,dans des conditions plus chaudes, nos légumes poussent plus vite.
Une remarque importante : les chercheurs indiquent que les plantes adaptées au changement peuvent très bien se trouver dans les plantes anciennes.Il est significatig que les agriculteurs ne pensent même plus à cette solution, puisse qu'on les a habitués à tout devoir attendre de la recherche et de l'industrie.
J'ai donné par ailleurs (Baumaux Kokopelli) les variétés conservées par l'INRA.
Pour le blé, ils n'ont pas l'air content de leur "stock".
Et même dans une perspective d'OGM, ils ont besoin des plantes anciennes pour y pêcher des briques génétiques. Car OGM signifie recomposition génétique, pas encore création ex-nihilo...
Enfin, les chercheurs indiquent clairement qu'ils ne saurait y avoir plante résistante à la séchéresse et produisant autant : il va falloir choisir..
A supposer qu'on puisse stopper instantanément le réchauffement climatique, les effets du réchauffement actuels se feraient encore sentir pendant mille ans...
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palim
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Message par palim »

Merci JPP pour tout ce résumé .
Le réchauffement climatique , je crois que plus personne parmi les scientifiques ne le nient . Le ton est bien différent maintenant de celui d'il y a dix ans .
Par contre , ils peinent encore à le modéliser et pour la France , il n'est pas sûr du tout que ça se réchauffe car le Gulf stream qui adoucit notre climat pourrait bien être dévié aillleurs . Il ferait alors bien plus froid chez nous .
L'ampleur du réfauffement est encore en discussion : de 1,5°C à +4°C de hausse globale ( je cite de mémoire ) et cela change beaucoup les perspectives .

Gardons les variétés bien adaptées de toute région . Nous puiserons au fur et à mesure de quoi nous nourrir .
Est-ce que des solutions ont été discutées pour limiter le réchauffement puisque celui ci est attribuéà l'activité humaine pour une grande part .

Palim
fabinoo
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Message par fabinoo »

Quelle que soit la variation de climat, à la hausse ou à la baisse, rapide ou lente, les variations seront bien plus supportables localement si :

- On a des écosystèmes tamponnant le climat (des forêts plutôt que des parkings).
- On a des écosystèmes variés (plus de chances que des variétés soient adaptées au nouveau climat si on a de nombreuses variétés) et solides (on avait eu le cas d'une forêt de chênes qui avait très mal supporté 1/2° de réchauffement : elle était jeune, plantée trop serrée, en monoculture, etc...).
- On a des marges de manoeuvre sur l'utilisation des ressources (si on utilise 100% de la ressource en eau en année normale, on a de graves problèmes quand une sécheresse s'installe)

Toutes choses ne plaidant pas pour la monoculture du maïs, transgénique ou pas.

J'ai pas compris un truc sur le labour des prairies : l'Inra le préconise comme moyen d'augmenter la capacité du sol à stocker du carbone ????
JPP le JARDINIER
Fleur de pipelette
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La documentation

Message par JPP le JARDINIER »

Amis du jour bonjour,
Je vous ai mis quelques notes en vrac.Vous trouverez la doc précise sur le site de l'INRA:
- le colloque:
http://www.inra.fr/presse;
- le rôle positif des prairies dans le stockage du carbone:
http://www.inra.fr/presse/role_positif_ ... ge_carbone
- de l'importance de l'adaptation des pratiques agricoles
http://www.inra.fr/presse/changement_cl ... _agricoles
- une simulation du comportement des forêts:
http://www.inra.fr/presse/changement_cl ... ent_forets
- le coregone: un poisson bien au chaud:
http://www.inra.fr/presse/coregone_pois ... n_au_chaud
(note perso: ne pas se fier à ce titre folklo: l'étude du lac Léman est passionnante)
- le coût de la sécheresse sur l'agriculture:
http://www.inra.fr/presse/cout_secheresse_agriculture
- a paraître :forêts et milieux naturels face au changement climatique:
http://www.inra.fr/presse/forets_milieu ... limatiques
Ce qui a été noté pour les prairies, c'est leur capacité de stockage de CO2, optimum (si j'ai bien compris) si on laboure (je doute que Gérard Ducerf soit d'accord avec ça!).
Dans un précédent colloque (agriculture et sécheresse), les prairies étaient moins bien notées puisque plus sensibles à cette sécheresse que des sols "nus". C'est le problème de ces colloques segmentés de l'INRA. Dans le dernier, il n'était pas non plus traité de la participation de l'agriculture à l'effet de serre ! A quand donc la synthèse des synthèses ?
On a quand même senti qu'un nombre important de participants scientifiques sont partisans d'une diversification des productions, d'une agriculture de proximité, de la conservation et de l'utilisation des variétés anciennes.Il y a eu un plaidoyer pour la polyculture élevage.
A côté de ça, il a été dit que la forêt "industrielle" stocke plus de carbone que la forêt pérenne...
Mais il a fallu la fin du colloque pour que, de la salle, vienne une remarque sur l'importance de la façon de travailler les sols.
Un truc important pour toi, Fabinoo,est que toutes petites bêtes qui travaillent pour toi dans le cadre de ta culture sur butte, vont changer elles aussi..
Marion Guillou, en conclusion, appellait à une agriculture à la fois écologique et intensive.
Le beurre et l'argent ?
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palim
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Message par palim »

Merci JPP .
Je passe cette fin de semaine ensoleillée au jardin bien sûr et je garde tous ces liens à lire pour les soirs où je rentre du boulot .

Palim
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crysthale
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Message par crysthale »

merci JPP pour ces informations très intéressantes

bon we à toi
un peu toquée des orchidées : http://www.orkideka.be/
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